Auto-école / Loueurs de voitures à doubles commandes.
Où y a-t-il conflit ?
Y a-t-il donc conflit entre les établissements où on enseigne la conduite des voitures (et des motos) et la sécurité routière, et les agences de location de voitures munies de doubles-commandes récemment apparues. En un mot, y-a-il ou pas, deux manières équivalentes d'apprendre à conduire ?
Dans le monde rêvé des auto-écoles, les élèves viennent apprendre avec un ardent désir d'apprendre et de savoir conduire, les moniteurs enseignent avec des méthodes efficaces et éprouvées, les inspecteurs examinent avec un souci permanent d'impartialité et de qualité, et tout cela à la satisfaction générale.
Mais ce monde n'existe pas.
Les élèves sont peu assidus, travaillent peu, et cherchent à faire des économies de bouts de chandelles en voulant anticiper le passage de l'examen ;
Les moniteurs changent trop souvent d'employeur, ne sont pas toujours sérieux et pas si bon pédagogues qu'espéré, règlent leurs problèmes au téléphone pendant les heures de conduite, n'hésitent pas à “ casser ” les élèves ou se désintéressent de ceux qui ne progressent pas, et n'ont qu'un rêve, celui de s'installer à leur compte, contraignant les auto-écoles en place à baisser prix et marges ;
Les inspecteurs sont de vrais “ fonctionnaires ”, souvent absents, multipliant les RTT et les congés spéciaux, ils sont imprévisibles dans leurs décisions, bloquent le compteur à 50% de réussite à la première présentation ce qui provoque une pénurie de places d'examen – mais aussi leur assurent du travail pour les prochaines sessions.
Tout ne va donc pas si bien dans le monde des auto-écoles.
C'est alors que sont arrivés les vilains petits canards, les agences de location de voitures “ comme à l'auto-école ”, avec leurs pédales côté passager, leurs doubles rétroviseurs, leur boitier pour actionner tout ce qui est habituellement accessible depuis le volant. Et ces gens-là profitent d'une faille dans une législation qui donnait pourtant toutes les garanties... d'exclusivité aux auto-écoles.
Ces entreprises vendent de la location de voitures, ni plus, ni moins, à des gens qui croient pouvoir faire l'économie des leçons de conduite. Pire encore, ils font semblant de dire, même s'ils ne le disent pas, qu'on pourrait passer son permis en candidat “ libre ”, sans passer par la “ prison ” d'une auto-école. Et il leur arrive de pousser l'hypocrisie jusqu'à prétendre qu'ils limitent leur clientèle aux élèves qui ont déjà fait au moins 20 heures d'apprentissage pratique, donc qui savent (au moins un peu) conduire, et qui ont seulement besoin de s'aguerrir, à moindre frais évidemment.
Et dire que tout cela est parfaitement légal !
Car si la loi dit que “ L'enseignement, à titre onéreux(c'est moi qui graisse), de la conduite des véhicules à moteur d'une catégorie donnée et de la sécurité routière ainsi que l'animation des stages de sensibilisation à la sécurité routière mentionnés à l'article L223-6 ne peuvent être organisés que dans le cadre d'un établissement dont l'exploitation est subordonnée à un agrément délivré par l'autorité administrative, après avis d'une commission ” (art.L213-1 du Code de la route), elle est muette sur les leçons à titre gratuit. Dans ce dernier cas, tout semble possible, puisqu'il suffit de disposer d'un véhicule aménagé (art.R317-25 et R211-3 du Code de la route), et n'importe qui peut donner alors des leçons de conduite, tout comme n'importe qui peut donner des cours de code...
Même si le débat reste ouvert peut-être sur cette précision donnée par le code: “ L'accompagnateur doit avoir suivi […] une formation spécifique le préparant à assurer cette fonction et à utiliser, dans de bonnes conditions, les dispositifs de double commande dont doit être équipé le véhicule. ”, on ne sait rien de cette “ formation spécifique ”, qui en est chargé, dans quel cadre, et sous le contrôle de qui.
Donc, sont payantes les auto-écoles, seules sur un marché protégé par des dispositions légales, et considérées comme compétentes.
Et sont payantes (mais à prix discount) les location de voitures aménagées, mais avec un accompagnateur amateur, donc incompétent (sous les réserves que je viens de donner).
Et pourtant, les auto-écoles parlent de concurrence déloyale.
Bon courage à tous.