Depuis quelques jours, les automobilistes parisiens – c'est à dire globalement les automobilistes d’Île de France, mais pas seulement eux puisque cela concerne tout conducteur qui traverse la France et auquel on propose invariablement de passer par Paris, doivent réduire leur vitesse sur le périphérique parisien. Du moins, ils doivent se contenter de rouler au plus à 70 km/h au lieu des 80 km/h autorisés jusqu'ici.
Une nouvelle réglementation qui a satisfait une moitié des usagers, et contrarié l'autre moitié, du moins si on en croit les quelques reportages et "micro-trottoirs" réalisés par les chaînes de télévision.
Au delà des lieux communs, il est nécessaire de s'interroger sur l'intérêt d'une mesure présentée comme un "événement" – en remarquant au passage qu'il en faut de moins en moins pour faire un "événement".
Depuis sa construction dans les années 1960 et son achèvement au printemps 1973, le boulevard périphérique parisien a été un des grands ouvrages qui ont marqué la capitale, et la circulation, résolvant un certain nombre de problèmes tout en en créant d'autres. Car il faut savoir que le périphérique permettait, en particulier aux heures creuses de la journée (en fait, la nuit), de contourner Paris en quelques dizaines de minutes et sans le moindre feu rouge, ce qui n'était pas un mince résultat.
Aujourd'hui, les choses ne sont plus aussi simples : ce boulevard (qui n'en est pas un au sens du code de la route, mais une simple voie communale, d'où la priorité aux "entrants" contrairement aux autres rocades urbaines) est le plus souvent saturé, bruyant, polluant, source de mille nuisances pour les riverains, c'est à dire quelques centaines de milliers de personnes dont l'équilibre et la santé sont mis en péril.
La réduction de la vitesse à 70 km/h au maximum, réclamée par la municipalité parisienne, doit d'abord réduire la pollution,et ce sera certainement le cas. Elle doit aussi réduire le bruit, et en particulier ce bruit sourd, si particulier et si générateur de stress, du roulement des pneus sur la chaussée, et ce ne sont pas les riverains qui s'en plaindront. Mais elle devrait aussi réduire le nombre d’accidents qui, s'ils sont relativement peu graves, ont pour effet de perturber la circulation (pas de bande d'arrêt d'urgence pour acheminer les secours ou assurer le dégagement des véhicules) en provoquant de spectaculaires bouchons.
Il est bien dommage qu'on s'en soit tenu à une mesure générale qui ne trouvera d'application que quelques heures par jour, quand la voie est "roulante", et évidemment pas quand les ralentissements, voire les arrêts complets du trafic, arrivent. N’aurait-il pas été plus judicieux (et au fond bien facile et peu coûteux), de réaliser, à l'aide de panneaux lumineux implantés tous les 300 à 500 mètres, une modulation de la vitesse maximum, et plus encore de la vitesse conseillée, selon les conditions de circulation, l'intensité du trafic, ou même les circonstances météorologiques – les radars de contrôle étant eux aussi réglés en fonction de ces paramètres ?
On aurait alors constaté que, bien guidés et bien conseillés, les automobilistes sont capable d'adopter un comportement plus rationnel et plus efficace. Mais de sera peut-être pour une autre fois.