Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Le blog des moniteurs et des élèves
  • : Un blog pour les moniteurs, mais aussi pour les élèves conducteurs, pour permettre aux premiers d'exercer enfin librement leur métier (leur art!), et offrir aux seconds un enseignement de qualité, à moindre frais, dans une relation de confiance et de liberté.
  • Contact
15 novembre 2010 1 15 /11 /novembre /2010 18:52

 

Il existe une Fondation JAE (Jeunesse, avenir, entreprise), dont vous trouverez la page d'accueil en suivant ce lien, qui édite divers logiciels, dont un ("Pass'Avenir") est utilisé par l'un de ces multiples vendeurs de formation qui passent avec Pôle-emploi, dernier avatar des bureaux de placement, des marchés pour prendre en charge les demandeurs d'emploi (attention! Ne plus dire "demandeur" qui fait miséreux, mais "chercheur" qui fait dynamique). Il s'agit à mes yeux de ce qu'on appelle le traitement psycho-social du chômage qui a pour premier but d'éviter la trop grande colère de ceux qui sont privés de travail (au sens le plus propre, comme privation, comme sevrage), tout en canalisant, au profit du secteur privé (au sens économique, cette fois), les sommes astronomiques drainées par les circuits de la formation professionnelle ou ce qui y ressemble. On pourra lire sur ce sujet un livre passionnant (sous la direction) de Benoit Collombat et David Servenay Histoire secrète du patronat de 1945 à nos jours (Ed. La Découverte, Paris 2009, ) pages 204 et suivantes, entre autres.

 

Donc, ce logiciel appelé "Pass'Avenir" a pour but, entre autres, à partir d'un métier ou d'un nom de métier déterminé de trouver tous ceux qui ont, avec lui, des correspondances permettant de réorienter sa recherche, ou de préparer une reconversion professionnelle. L'idée est loin d'être mauvaise, mais c'est son application qui pose quelques problèmes, ou les renseignements donnés qui paraissent étranges.

 

Lisant que le salaire en fin de carrière d'un moniteur peut atteindre 3.000 euros brut par mois (à peu près ce que gagne, en fin de carrière, un professeur certifié à bac+5+concours) , j'ai envoyé un court message au site concerné. En début d'après-midi, j'avais une réponse, ce qui est en soi une bonne chose. Donc plutôt que d'interpréter les propos de mon interlocuteur, je vous les livre, ainsi que la réponse que j'ai aussitôt envoyée.

 

Monsieur,

 

Merci de l’intérêt que vous portez à nos fiches métiers.

 

Suite à vos remarques sur la rémunération des moniteurs d’auto-école, nous vous apportons ces quelques précisions :

 

1)   nos sources d’information habituelles sur les salaires sont les offres d’emploi, les articles de presse, les interviews de professionnels, les conventions collectives, les référentiels de branche professionnelle…

2)   la tranche sur laquelle est indexé le métier de moniteur d’école de conduite est assez large avec une borne inférieure à 2.101 euros brut qui semble effectivement correspondre davantage au salaire maximal que pourrait toucher un moniteur

3)   vous avez donc raison, nous allons donc baisser d’un cran le positionnement de ce métier, soit salaire maximal possible de 1.701 à 2.100 euros bruts

 

Bien cordialement,

 

Régis MARTIN

 


Merci de votre prompte réponse.

Pour ce qui concerne les rémunérations des moniteurs d'auto-écoles, je crois que les instruents statistiques que vous utilisez sont relativement mal adaptés. Je m'explique.
Le principe, c'est le SMIC horaire, qui n'est amélioré que par des heures supplémentaires quand c'est possible, ou par des heures supplémentaires cachées (travail et salaire dissimulés), ou par un temps partiel officiel auquel on ajoute les heures "au noir". Je peux affirmer que chez mes différents employeurs je n'ai jamais perçu autre chose que le SMIC, même quand j'étais responsable de la quasi totalité du fonctionnement du bureau où je travaillais seul.
Pour aller au-delà du SMIC, il faut avoir la mention "moto" qui permet à l'auto-école d'augmenter son taux de marge (quand trois élèves "tournent" avec un seul enseignant, ce sont trois heures vendues pour une seule payée) et donc de payer ses enseignants un peu plus cher, mais jamais à des niveaux bien élevés. Je n'évoque pas les (rares) titulaires de la mention "poids-lourd" qui ne travaillent que dans des structures importantes (vu le niveau d'investissement requis) qui fonctionnent presque exclusivement dans le cadre de la formation professionnelle, donc sur fonds publics ou parapublics, donc sur d'autres critères économiques. Ces derniers feront, pour beaucoup, une "carrière" à laquelle n'aspirent que très peu les moniteurs qui travaillent dans les petites structures ouvertes au grand public.

En effet, il n'y a pas de "carrière" à faire dans l'auto-école, puisque la durée de vie des salariés y est très courte, moins de dix ans d'exercice avant de trouver autre chose, ou, comme le chantait si bien Jacques Brel, "lassé d'être chanteur, on devient maitre chanteur", en un mot, lassé d'être salarié exploité, on monte sa boite, on ouvre un bureau, et on fait bosser les autres dans les mêmes mauvaises conditions.
Pour gagner plus? C'est souvent le cas, si on a une bonne pratique de la comptabilité, ce n'est pas toujours le cas si on rapporte son revenu net annuel au nombre d'heures de travail et à la somme des problèmes à résoudre. Mais le mythe d'être son propre maître est toujours bien solide en France.

Revenons aux salariés.
J'ai déjà dit qu'on pouvait améliorer sa situation avec la mention "deux-roues" (qui ne désigne que les motos, mais permet de faire passer le BSR - brevet de sécurité routière, par exemple), ou la très rare mention du groupe "lourd".
On peut aussi devenir formateur pour les récupérations de points, les stages obligatoires des néo-conducteurs, etc. Mais il faut à nouveau passer un examen qui ne se prépare que dans des centres de formation privés, à des coûts que je considère comme prohibitifs (quelques milliers d'euros). Mais dans un marché très fermé, il est rare que la concurrence puisse se faire une petite place, alors même que la puissance publique a déserté le terrain. De plus, le BAFM (brevet d'aptitude à la formation des moniteurs), qui est présenté comme un examen, est en réalité un concours (le flux des nouveaux entrants est de facto contrôlé par ceux qui y sont déjà) avec un très fort degré de cooptation. C'est pourquoi il est nécessaire de le préparer au bon endroit, et en ayant préalablement rencontré les bons interlocuteurs...
Et titulaire du BAFM, il faut alors trouver un employeur, comme tout le monde, mais là, les salaires deviennent heureusement décents même si les conditions de travail sont assez difficiles. Ou également devenir travailleur indépendant, avec les avantages et les inconvénients de ce statut.

Voilà ce que je pouvais vous dire sur cette activité où on rencontre si peu de pédagogues, mais tellement de commerçants, ce qui explique en partie les piètres résultats français en matière de sécurité routière.

Bien cordialement.

Un blog à visiter[clic sur ce lien], où il est question de cette profession et de sa pratique.




 

Partager cet article
Repost0

commentaires