J'ai eu le plaisir de passer quelques minutes hier soir avec un élève-candidat au permis de conduire.
Cas d'espèce, cas d'école. Formation théorique au DVD, minimum (?) d'heures de conduite, premier examen en vain, seconde préparation, seconde tentative, incident au sujet des documents administratifs à présenter alors même que tout le monde est déjà assis dans la voiture, incident qui semble pourtant réglé, mais nouvel échec dans des conditions qui paraissent douteuses à l'élève-candidat qui m'en parle.
Et, de fil en aiguille, on en vient à parler d'argent.
Combien pour tout cela? Dans les 1.500 euro en tout. Payés par chèque? Non, l'exploitant préférait être payé en espèces.
Et contre reçu? Non, je n'en ai jamais eu.
Et votre livret d'apprentissage? Quel livret, je n'ai jamais eu de livret.
Et le 02? Là, je ne sais pas, c'est l'auto-école qui garde les documents.
Sans commentaire.
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Les auto-écoles meurent, et continueront de naitre et de mourir, de leur gestion sans queue ni tête, conséquence directe d'une concurrence stupide et suicidaire, sous le regard faussement indifférent de pouvoirs publics qui se gardent bien de poser le moindre question, et une administration fiscale qui se fait un devoir de porter les yeux ailleurs.
Comment expliquer, autrement que par un système de fraude généralisée et de dissimulation systématique, que puissent exister des tarifs honteux qui sont sans relation avec les coûts réels? Comment imaginer qu'une entreprise puisse survivre en pratiquant des tarifs qui sont sous le prix de revient réel, c'est à dire en vendant à perte (ce qui est illégal en France et ailleurs, rappelons-le)? Est-ce vraiment ainsi qu'on défendra cette “ profession ”?
Exemple, celui du forfait à 651 euro (écrit en gros sur la vitrine), pour 21 heures en voiture (1 heure d'évaluation, et 20 heures d'enseignement), auquel on ajoutera le “ forfait code ” et ces “ frais administratifs ” dont nul ne saura jamais le détail – d'ailleurs, on s'en moque.
Si la location de la voiture coûte 800 euro par mois TTC (le lieu d'exercice est un peu particulier), si les enseignants sont payés 11 euro brut de l'heure, et si le gas-oil coûte un peu moins de 1,00 euro le litre, comment arrive-t-on à être au-dessus du prix de revient en faisant renter 25,92 euro HT (31 euro TTC) par heure de conduite?
Et qui empêchera un concurrent de venir s'intailler à deux pas de chez vous avec un forfait à 640 euro ou 630 euro, tout cela dans le cadre de la concurrence “ libre et non faussée ”?
Ne doit-on pas imaginer que, là comme ce que je l'ai décrit plus haut, l'exploitant soit économiquement contraint de faire passer une partie de ses rentrées hors de sa comptabilité, masquant ainsi une partie de son chiffre d'affaires, tout comme les enseignants peuvent être amenés à accepter le paiement d'une partie de leur salaire hors déclaration? Comment peut-on accepter une situation où les gens, honnêtes par nature le plus souvent, soient contraints à sortir des clous pour s'assurer une existence normale?
Sans commentaire.